La Grand ’Rue défendue par les Allemands

1 Grand Rue, 67140 Barr

Libération de Barr le 28 novembre 1944

La matinée à Barr est calme. Le détachement de la 106e brigade de chars Feldherrnhalle, formée par des S.A. et non par des SS comme on l’avait cru tout d’abord, et le bataillon de choc Bittermann formé de jeunes de 18 à 20 ans, encore gonflés à bloc pour combattre, avaient reçu l’ordre de défendre Barr et de ne pas laisser progresser les chars américains.

Et c’est ainsi que chaque maison devint un « bunker » et abrités derrière les volets clos des nids de mitrailleuses lourdes et des « bazookas ».

Les soldats allemands occupaient les premiers étages des maisons de Barr et, de ce fait, il y avait peu de soldats dans les rues.

Heureusement pour Barr et ses habitants, le temps est bouché et il fait très froid et l’aviation ne peut intervenir dans les combats. Néanmoins, en fin de matinée, un obus incendiaire tombe sur l’Hôtel de Ville de Barr où éclate un violent incendie…

La Poste

La Poste 3 rue du Général Vandenberg, 67140 Barr

Libération de Barr le 28 novembre 1944

Les Barrois choqués, découvrent un spectacle, sur fond de façades délabrées aux fenêtres et volets calcinés et détruits. Entre la rue de la Poste et la rue de la Gare, sur moins de 50 m, quatre chars américains sont détruits, toute la façade de l’hôpital est couverte d’impacts de balles et d’obus, ainsi que l’intérieur des chambres. La verrière de l’escalier s’est effondrée…

La gare

La Gare, 67140 Barr

Libération de Barr le 28 novembre 1944

Alors que les chars américains envahissaient les rues de Barr, le capitaine allemand te Heesen, commandant les chars allemands trouve la situation critique pour ses hommes et son matériel, car les Américains semblent avoir un nombre impressionnant de blindés en action dans la ville et à sa périphérie. II prend peur et appelle à la rescousse la compagnie de «Sturmgeschutze» en réserve à Eichhoffen.

Treize chars américains furent détruits cet après-midi du 28 novembre en ville sur les 17 qui y étaient entrés. Les chars du 48e bataillon américain entrant à Barr par la route de Heiligenstein, devaient traverser la ville tout en repoussant les Allemands vers le sud-est, rue de la Gare et route de Sélestat. D’ailleurs, dans le communiqué du commandement du 14è corps d’armée allemande du 28 novembre 1944, le général commandant le corps félicita l’élément de la brigade 106 pour son remarquable soutien au corps d’armée et lui exprima sa grande reconnaissance et le signala à l’Ordre de l’Armée.

Croisement rue de la Kirneck rue des cigognes

1 Rue des Saules, 67140 Barr

Libération de Barr le 29 novembre 1944

Malgré les obus qui frappaient encore la ville, les barrois commençaient à sortir des caves et découvraient l’ampleur des dégâts et les morts des deux camps dont nos libérateurs, jonchant le sol ou encore accrochés aux tourelles de leurs chars qui avaient explosé. Scènes horribles à contempler. Mais déjà d’autres chars arrivaient en ville et la population manifesta sa joie envers les « Libérateurs ». Mais les soldats américains entendant parler allemand se crurent d’abord en Allemagne et il y eut quelques méprises dans un premier temps. L’apparition rapide des drapeaux français aux fenêtres les rassura définitivement. C’est ce que découvrirent les Américains de la 103e division, le 29 au matin, allant de maison en maison pour rechercher leurs blessés et nettoyer la ville des Allemands cachés, de même que ceux du 48e bataillon de chars. Les soldats trouvèrent encore dix-neuf des leurs très grièvement blessés, restés toute la nuit dans les rues ou dans les maisons.

À la suite des sanglants combats et de la perte d’environ 90 hommes, le commandement du 48e bataillon de chars reconstitué fut confié au major John Cavin le 29 au matin. Celui-ci traversa Barr avec le reste du bataillon pour continuer la lutte.

Le Dr Krieg à l’hôpital Marcel Krieg

14 Avenue Dr Marcel Krieg, 67140 Barr

Libération de Barr le 29 novembre 1944

Les soldats allemands blessés sont dirigés vers l’hôpital de Barr où le docteur Marcel Krieg avait aménagé dans les sous-sols, un poste de secours avec matériel chirurgical. En effet aucune des troupes en présence ne disposait, à ce moment précis, de services de santé à proximité du front des combats

Concernant les blessés allemands, soignés dans la cave de l’hôpital de Barr, le docteur Krieg, rappelle cette anecdote se déroulant dans la nuit du 28 au 29 novembre 1944 :

« Il était 2h du matin, ce 29 novembre. On m’annonça la venue d’un médecin Commandant allemand qui avait été prévenu de l’existence du poste de secours et vint avec un infirmier major prendre les noms des Allemands blessés, couchés parmi les blessés américains sur des matelas à même le sol. Il y en avait plus d’une quinzaine. Puis il me fit signer la copie de son relevé et me dit :« Je vous confie ces blessés, veuillez les livrer aux Américains dès que possible ». Nous sortîmes ensemble dans la nuit où, dans les rues, on voyait toutes sortes d’incendies, allant des maisons aux chars en flammes près de l’hôpital. Je l’accompagnais au bout de la rue de la gare pour lui indiquer la direction de Eichhoffen, et puis nous nous sommes serrés la main et je lui dis : « Partez maintenant et ne revenez plus », il me répondit avec un triste sourire : « Je vous comprends très bien, cher collègue ».

 

 

 

 

Le carrefour de la libération

19 Avenue Dr Marcel Krieg, 67140 Barr

Libération de Barr le 26 novembre 1944

« La traversée la ville s’est déroulée sans trouble majeur, jusqu’à la maison Bossert où un puissant barrage avait été érigé. Il fallut faire appel à un obusier pour y frayer un passage. Les premiers chars se sont engagés route du Hohwald. Le char n° 3 signale par radio la présence d’un canon anti-char allemand camouflé au-delà de la barrière de chemin de fer.

Lorsque le char de Ferris s’engage à son tour, il est touché par deux obus qui pénètrent le blindé. Ferris est touché à une jambe, Kaufman est frappé de plein fouet et le feu se déclare à bord : Ferris donne l’ordre d’évacuer.

Le soldat Knapp, chargeur et opérateur radio, pousse Kaufman hors du tank et une explosion les projette à hors du char. Allongés au sol, Kaufman était conscient de la perte de sa jambe, mais Knapp, gravement brûlé aux mains et aveuglé par des brûlures au visage ne peut lui poser un garrot sur la jambe pour lui sauver la vie. Ils se sont parlé de temps en temps, au milieu des tirs ennemis, puis Kaufman s’est éteint le 28 novembre 1944 lors des combats de la libération de Barr »

Biographie rédigée avec le concours et l’aimable autorisation de la fille du Lieutenant Kaufman, Jeanie Everman.

« Rétrospectivement, je ne peux que relater et décrire la férocité et l’intensité des combats qui se sont déroulés à Barr. Comme un blessé, saignant et sanglant, la colonne de chars s’est frayé un chemin pouce par pouce dans cet enfer brûlant, infernal »

Lettre du Colonel Ferris du 20 novembre 2004

Carrefour de la Poste

3 rue du Générale Vandenberg, 67140 barr

Libération de Barr le 26 novembre 1944

La matinée est calme et il ne reste que quelques militaires aux barrages avec des canons antichars et une unité de transmission à la poste. Les F. F. l de Goxwiller préviennent Conrad Karrer que les Allemands acheminent par voie ferrée une unité d’infanterie et des chars, devant débarquer à Barr entre 3 et 4 heures du matin le 27 novembre. Très vite les F.F.I. décident de déboulonner les rails pour stopper le convoi. Mais quelle n’est pas leur surprise en arrivant à la gare de Barr vers 21 heures d’apprendre par le chef de gare : « Fuyez vite, les allemands sont déjà là, le train vient d’entrer en gare ». Effectivement un horaire erroné avait été colporté pour déjouer tout attentat au convoi.

Dans les rues de Barr au soir du dimanche 26 novembre 1944 vers 22 heures, un important bruit de bottes, se manifeste, suivi de cliquetis d’armes et bruit de chenilles de blindés. Coups de pieds dans les portes, ordres gutturaux : « tout le monde dans les caves, ouvrez toutes les portes de vos maisons et fermez tous les volets !»

Rue des boulangers

2 rue des boulangers, 67140 Barr

Libération de Barr le 29 novembre 1944

En descendant la rue des Boulangers, un char américain est confronté à une attaque de soldats allemands qui étaient cachés dans la Cour de la Couronne. Ces soldats allemands font feu sur le char et il reste des traces de balles dans l’angle d’une colonne qui se trouve juste au carrefour de la rue des Boulangers et de la rue de la Kirneck.

Braquant insuffisamment, l’un des chars emporta le premier pilier de la « Schwanck » qui soutenait les étages de la maison Jacob. Les poutres du soubassement bougèrent un peu, mais résistèrent, et la maison ne s’écroula pas. Dans l’heure qui suit des voisins remplacèrent la colonne de fonte par un poteau provisoire en bois. On croyait la bataille terminée…

Place des pommes de terre.

8 Rue Taufflieb, Place des pommes de terre, 67140 Barr

Libération de Barr le 29 novembre 1944

Tout le monde sorti des caves et abris, pour voir passer vers neuf heures le nouveau détachement américain qui devait poursuivre la progression au-delà de Barr. Empruntant sans doute l’itinéraire principal indiqué sur les cartes d’état-major, et la Grand ‘rue, se trouvant encombrée, la colonne descendit, les rues Sultzer, rue des Bouchers, rue des Boulanger, pour bifurquer, en angle droit dans la rue de la Kirneck.

Les Barrois étaient massés sur les trottoirs, pleurant de joie, applaudissant, agitant des drapeaux, improvisés et admirant le matériel américain : jeep, half-tracks et chars, et des soldats parlant dans des microphones ! Braquant insuffisamment, l’un des chars emporta le premier pilier de la « Schwanck » qui soutenait les étages de la maison Jacob…

On croyait la bataille terminée, et on négligea le retour de manivelle de l’artillerie allemande, cette fois-ci. C’est imprudence, coûta la vie à plusieurs Barrois.

 

 

L’hôtel de ville brûle !

Hôtel de ville, 67140 Barr

Libération de Barr le 28 novembre 1944

Un obus incendiaire tombe sur l’Hôtel de Ville de Barr où éclate un violent incendie qui n’est découvert que vers midi par un employé municipal. À cette même heure les tirs d’artillerie reprennent d’intensité. Mais l’Hôtel de Ville brûle ! La pompe d’incendie marcha toute la journée et les pompiers et les volontaires présents, sous le feu des Américains et allemands tentèrent de d’éteindre le feu de ce monument chère aux yeux des barrois. Vers 22 heures, subitement, elle s’arrêta. Il aura fallu démonter, remonter le monteur, changer les bougies et un peu d’essence pour que le tout se remit à fonctionner. Évidemment depuis l’après-midi, il n’y a plus d’électricité, mais la motopompe remarche et les pompiers continuent leur tâche en combattant l’incendie dans des conditions exténuantes et meurtrières, sous les coups de l’artillerie allemande qui bombardera la ville toute la nuit. Vers quatre-cinq heures du matin, l’incendie de l’Hôtel de Ville est circonscrit.

Dans le rez-de-chaussée de la mairie, protégé par des arcades vitrées, la bibliothèque de Strasbourg avait fait déposer, pour être plus en sécurité, les archives et des tas de livres de grande valeur. Hélas des bombes incendiaires traversèrent avec facilité la fragile paroi de verre et allumèrent des foyers d’incendies parmi les tas de papiers amoncelés.

Archives et livre brûler, tout en dégageant des fumées toxiques, qui asphyxier les pompiers, qui a plusieurs reprises, du ressort pour reprendre leurs esprits.