Libération de Barr le 29 novembre 1944
Les soldats allemands blessés sont dirigés vers l’hôpital de Barr où le docteur Marcel Krieg avait aménagé dans les sous-sols, un poste de secours avec matériel chirurgical. En effet aucune des troupes en présence ne disposait, à ce moment précis, de services de santé à proximité du front des combats
Concernant les blessés allemands, soignés dans la cave de l’hôpital de Barr, le docteur Krieg, rappelle cette anecdote se déroulant dans la nuit du 28 au 29 novembre 1944 :
« Il était 2h du matin, ce 29 novembre. On m’annonça la venue d’un médecin Commandant allemand qui avait été prévenu de l’existence du poste de secours et vint avec un infirmier major prendre les noms des Allemands blessés, couchés parmi les blessés américains sur des matelas à même le sol. Il y en avait plus d’une quinzaine. Puis il me fit signer la copie de son relevé et me dit :« Je vous confie ces blessés, veuillez les livrer aux Américains dès que possible ». Nous sortîmes ensemble dans la nuit où, dans les rues, on voyait toutes sortes d’incendies, allant des maisons aux chars en flammes près de l’hôpital. Je l’accompagnais au bout de la rue de la gare pour lui indiquer la direction de Eichhoffen, et puis nous nous sommes serrés la main et je lui dis : « Partez maintenant et ne revenez plus », il me répondit avec un triste sourire : « Je vous comprends très bien, cher collègue ».


Libération de Barr le 26 novembre 1944
« La traversée la ville s’est déroulée sans trouble majeur, jusqu’à la maison Bossert où un puissant barrage avait été érigé. Il fallut faire appel à un obusier pour y frayer un passage. Les premiers chars se sont engagés route du Hohwald. Le char n° 3 signale par radio la présence d’un canon anti-char allemand camouflé au-delà de la barrière de chemin de fer.
Lorsque le char de Ferris s’engage à son tour, il est touché par deux obus qui pénètrent le blindé. Ferris est touché à une jambe, Kaufman est frappé de plein fouet et le feu se déclare à bord : Ferris donne l’ordre d’évacuer.
Le soldat Knapp, chargeur et opérateur radio, pousse Kaufman hors du tank et une explosion les projette à hors du char. Allongés au sol, Kaufman était conscient de la perte de sa jambe, mais Knapp, gravement brûlé aux mains et aveuglé par des brûlures au visage ne peut lui poser un garrot sur la jambe pour lui sauver la vie. Ils se sont parlé de temps en temps, au milieu des tirs ennemis, puis Kaufman s’est éteint le 28 novembre 1944 lors des combats de la libération de Barr »
Biographie rédigée avec le concours et l’aimable autorisation de la fille du Lieutenant Kaufman, Jeanie Everman.
« Rétrospectivement, je ne peux que relater et décrire la férocité et l’intensité des combats qui se sont déroulés à Barr. Comme un blessé, saignant et sanglant, la colonne de chars s’est frayé un chemin pouce par pouce dans cet enfer brûlant, infernal »
Lettre du Colonel Ferris du 20 novembre 2004
Libération de Barr le 26 novembre 1944
La matinée est calme et il ne reste que quelques militaires aux barrages avec des canons antichars et une unité de transmission à la poste. Les F. F. l de Goxwiller préviennent Conrad Karrer que les Allemands acheminent par voie ferrée une unité d’infanterie et des chars, devant débarquer à Barr entre 3 et 4 heures du matin le 27 novembre. Très vite les F.F.I. décident de déboulonner les rails pour stopper le convoi. Mais quelle n’est pas leur surprise en arrivant à la gare de Barr vers 21 heures d’apprendre par le chef de gare : « Fuyez vite, les allemands sont déjà là, le train vient d’entrer en gare ». Effectivement un horaire erroné avait été colporté pour déjouer tout attentat au convoi.
Dans les rues de Barr au soir du dimanche 26 novembre 1944 vers 22 heures, un important bruit de bottes, se manifeste, suivi de cliquetis d’armes et bruit de chenilles de blindés. Coups de pieds dans les portes, ordres gutturaux : « tout le monde dans les caves, ouvrez toutes les portes de vos maisons et fermez tous les volets !»
Libération de Barr le 29 novembre 1944
En descendant la rue des Boulangers, un char américain est confronté à une attaque de soldats allemands qui étaient cachés dans la Cour de la Couronne. Ces soldats allemands font feu sur le char et il reste des traces de balles dans l’angle d’une colonne qui se trouve juste au carrefour de la rue des Boulangers et de la rue de la Kirneck.
Braquant insuffisamment, l’un des chars emporta le premier pilier de la « Schwanck » qui soutenait les étages de la maison Jacob. Les poutres du soubassement bougèrent un peu, mais résistèrent, et la maison ne s’écroula pas. Dans l’heure qui suit des voisins remplacèrent la colonne de fonte par un poteau provisoire en bois. On croyait la bataille terminée…
Libération de Barr le 29 novembre 1944
Tout le monde sorti des caves et abris, pour voir passer vers neuf heures le nouveau détachement américain qui devait poursuivre la progression au-delà de Barr. Empruntant sans doute l’itinéraire principal indiqué sur les cartes d’état-major, et la Grand ‘rue, se trouvant encombrée, la colonne descendit, les rues Sultzer, rue des Bouchers, rue des Boulanger, pour bifurquer, en angle droit dans la rue de la Kirneck.
Les Barrois étaient massés sur les trottoirs, pleurant de joie, applaudissant, agitant des drapeaux, improvisés et admirant le matériel américain : jeep, half-tracks et chars, et des soldats parlant dans des microphones ! Braquant insuffisamment, l’un des chars emporta le premier pilier de la « Schwanck » qui soutenait les étages de la maison Jacob…
On croyait la bataille terminée, et on négligea le retour de manivelle de l’artillerie allemande, cette fois-ci. C’est imprudence, coûta la vie à plusieurs Barrois.

Libération de Barr le 28 novembre 1944
Un obus incendiaire tombe sur l’Hôtel de Ville de Barr où éclate un violent incendie qui n’est découvert que vers midi par un employé municipal. À cette même heure les tirs d’artillerie reprennent d’intensité. Mais l’Hôtel de Ville brûle ! La pompe d’incendie marcha toute la journée et les pompiers et les volontaires présents, sous le feu des Américains et allemands tentèrent de d’éteindre le feu de ce monument chère aux yeux des barrois. Vers 22 heures, subitement, elle s’arrêta. Il aura fallu démonter, remonter le monteur, changer les bougies et un peu d’essence pour que le tout se remit à fonctionner. Évidemment depuis l’après-midi, il n’y a plus d’électricité, mais la motopompe remarche et les pompiers continuent leur tâche en combattant l’incendie dans des conditions exténuantes et meurtrières, sous les coups de l’artillerie allemande qui bombardera la ville toute la nuit. Vers quatre-cinq heures du matin, l’incendie de l’Hôtel de Ville est circonscrit.
Dans le rez-de-chaussée de la mairie, protégé par des arcades vitrées, la bibliothèque de Strasbourg avait fait déposer, pour être plus en sécurité, les archives et des tas de livres de grande valeur. Hélas des bombes incendiaires traversèrent avec facilité la fragile paroi de verre et allumèrent des foyers d’incendies parmi les tas de papiers amoncelés.
Archives et livre brûler, tout en dégageant des fumées toxiques, qui asphyxier les pompiers, qui a plusieurs reprises, du ressort pour reprendre leurs esprits.
Libération de Barr le 27 novembre 1944
En début d’après-midi, alors que les combats redoublent de violence en provenance de Heiligenstein, des incendies s’allument en haut de la rue Sultzer. Un intense mouvement avec un bruit de plus en plus fort de chenilles de chars s’entend au milieu de la rue Sultzer et du réservoir d’eau. Un terrible combat s’engage entre les deux belligérants dès le premier barrage, puis au second situé face de l’ancienne manufacture de chemises, dans la même rue.
Un char américain venant de Heiligenstein arrive près du musée de la Folie Marco. A l’angle de la maison se trouve un détachement allemand. Ils font feu sur ce char et une balle perdue va se loger dans le miroir du musée de la Folie Marco. Les frères Schwartz qui étaient à l’époque les propriétaires, lèguent le domaine et ses dépendances à la Ville de Barr en 1964, sous la condition d’y créer un musée. Aujourd’hui encore, cette maison vous fait découvrir la vie d’une maison bourgeoise avec tous ces souvenirs. Un don de leur maison et son contenu à la ville de Barr.
Libération de Barr le 27 novembre 1944
Le docteur Marcel Krieg témoigne : « En ce lundi matin, allant à l’hôpital, je vis en effet que les barrages rue Martin von Feuerstein (actuelle rue du Général Vandenberg) et rue de la Gare étaient fortement gardés et derrière le mur de l’hôpital, se profilait la tourelle d’un char « Tiger », pointant son canon de la rue de la Promenade vers la rue de la Poste et la rue de la Gare. Les soldats allemands occupaient les premiers étages des maisons de Barr et, de ce fait, il y avait peu de soldats dans les rues. »
Libération de Barr le 28 novembre 1944
Au total, une vingtaine de maisons furent touchées par le feu, les 28 et 29 novembre 1944. Dans la Grand ’rue, des pompiers attaquaient l’incendie de la Maison Kaetzel où il ne restait plus que quelques ruines fumantes. D’autres maisons, connurent des débuts d’incendie, plus rapidement maîtrisés cependant. Un autre incendie important s’était déclenché dans la ferme de l’hôpital. Aucune extinction organisée ne fut cependant menée à cet endroit, compte-tenu du faible risque de propagation, et sans doute, en raison des tirs nourris qui rendirent ce secteur particulièrement dangereux. L’ensemble du bétail appartenant à l’hôpital fut toutefois dégagé et mis à l’abri grâce au commis de ferme aidé par le voisin Louis Bossert.
Libération de Barr le 28 novembre 1944
La ville panse ses plaies, ce ne sont que ruines, dans certaines rues : Murs éventrés, criblés d’impacts d’obus, tourelles de char explosées et incendiées, d’où pendent des débris humains calcinés. Pas moins de 20 maisons furent touchées par le feu. De certaines, il ne restait que des ruines. Des débuts d’incendies furent rapidement maîtrisés. Les Barrois découvrent un spectacle sur fond de façades délabrées aux fenêtres et volets calcinés. Un engin militaire, neutralisé devant le magasin Kiechel -une graineterie – brûla, et l’incendie fut éteint par les voisins.